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Lindenbaur, Ena

 

Les dessins d’Ena Lindenbaur sont maladroits comme ceux d’un enfant ; tremblés comme ceux d’un épileptique ; évidents comme ceux d’un fou. On pourrait croire à une forme d’art brut. Il n’en est pourtant rien. Ena Lindenbaur a une solide formation en matière de dessin exact. Elle s’est même astreinte à la rigueur scientifique du dessin médical. Mais un beau jour (de 1993), elle a eu la force de tout oublier. De retrouver l’en-deçà de son savoir. D’accéder au négatif de sa longue et forte discipline. De trouver sa langue propre, et sa liberté.

Est-ce sa fréquentation des malades, des salles d’opérations, des corps ouverts et des organes abîmés, qui vaut à l’œuvre d’Ena Lindenbaur cette lucidité dure, parfois violente, toujours inquiète qu’on lui voit ? Sa noirceur désolée fait parfois penser à la prose de Beckett. Les traits sont ici comme des mots – les mots de ceux qui n’ont pas la parole. Parce qu’il faut bien – même lorsque la parole nous tourne le dos – nommer les réalités les plus simples. Comme manger, jardin, chaise. Et visage, bouche, embrasser. Embrasser, manger. Pas parler. Pas possible parler par le corps. La bouche qui parle n’est pas la bouche qui embrasse, qui mange. La bouche qui parle n’est pas la bouche du corps. Alors on fait des traits. Alors Ena dessine.

Fraîcheur de ce geste infirme. Sa manière gauche aura dit vrai. Comme un corps qui ne démord pas du rêve de se rejoindre. Ou de trouver une issue dans le corps de l’autre. Autant d’impossibles. Ce qui a lieu alors, est comme une poésie de l’empêchement. Sans mots – sinon barrés. Barrés par le dessin ou par le corps – qui même au fond de l’impasse ne peut pas disparaître, tant qu’il refuse de démordre.

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