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Causerie solitaire avec deux trois choses de Pierre-Yves Freund

Causerie solitaire avec deux trois choses de Pierre-Yves Freund
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Auteur : Freund, Pierre-Yves
Prix : 15€
Disponibilité : En Stock
Modèle : Livre
Fabricant : Territoires
Évaluation : Aucune évaluation

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Ce livre qui parait à l’occasion de l’occasion de l’exposition « NoirT» de Pierre-Yves Freund à la poudrière de la Citadelle de Belfort, élargit la vision de son travail au-delà des sculptures qu’il y a installées.

Ses sculptures ont une présence riche d’une simplicité qui condense en elles la complexité de ce qu’elles impliquent du rapport au lieu, des relations entre matière et structure ou entre forme et processus. Qu’il s’agisse de Tentative de réparation, de Discrètement ou encore de ses blocs d’Empreintes, elles ont à la fois une dimension processuelle et architecturale qui leur donne cette puissance d’attraction du regard, cette aptitude à nous (re)disposer notre rapport à l’espace, et à le reconfigurer.

Elles associent la forme au geste, la surface à la trace, la présence à un temps sédimenté. Elles sont à la fois bac et structure, intervention et rapport (comme d’autres œuvres reproduites dans ce livre pouvaient être maisons ou tuiles et modules, ou incises de la lumière dans l’obscurité et dessin).

Elles évoquent quelque part cet art de la disposition propre à l’Art du Jardin Japonais, mais aussi l’importance du positionnement que l’art minimal a porté dans ses productions. De cette expérience, elles ont aussi tiré cette façon d’impliquer le mouvement même de notre corps dans leur perception. Elles participent enfin d’un art d’inscrire le faire, le geste de la production dans la forme même. Cette dimension processuelle inclut autant une inclusion du processus dans la forme telle que nous le proposent les blocs de plâtre de Tentative de réparation ou les ferrailles d’Équilibre, qu’une temporalité, avec les traces qu’elle laisse à la surface de choses ; comme on peut le voir dans les images d’Incises ou sur la surface irisée par la corrosion dans ses bacs de thé noir.

Pierre-Yves Freund participe d’une famille élargie de l’art où l’on croise des artistes comme Toni Grand à propos duquel Bernard Ceysson écrivait que son œuvre « se trouve à la jonction de deux questions : d’un côté la question de la relation entre la structure (ordre logique, mesure, répétition, transparence) et le hasard (chaos, spontanéité, imprévisibilité, secret). Et de l’autre, le lien entre fiction et réalité entre la construction spirituelle et l’objet concret, réel » ; mais aussi Robert Smithson avec ses Coulées, Bernard Pages quand il associe deux matériaux et deux gestes, Robert Morris avec ses formes en L et enfin Richard Monnier dans sa façon de mobiliser des paramètres contradictoires dans l’usage des matériaux (cf. ses Maintenances). On pourrait enfin citer son ami Arnaud Vasseux soulignant que « la forme est une somme de changements qui constituent autant d’enregistrements des phases de sa fabrication, une somme de durées où ce qui change n’est pas la conséquence directe du geste, mais une sorte de traîne ».

Ce qui fonde la pratique de Pierre-Yves Freund c’est avant tout une attention et une attente. Une attention à la façon dont la matière se prête à l’expérimentation et ce qu’elle permet et propose. Cela dans un dialogue entre ce qu’elle induit, ce qu’elle subit et ce qu’elle autorise. Pour Pierre-Yves Freund toute forme se conçoit à l’aune du geste qui l’engendre.

Mais cet engendrement est chez lui déterminé par la nature du matériau, sa plasticité, sa résistance et ses limites. Ainsi ce qui porte son travail est ce qui fait lien entre l’anticipation d’un protocole de production, comme le choix d’associer des matériaux aux qualités contraires et l’aléatoire du processus en ce qu’il produit comme rupture, comme tension ou comme altération. Il y a chez lui ce que l’on pourrait énoncer comme une esthétique de l’attente : celle qui laisse la forme advenir à l’expérience du geste, celle qui laisse le temps donner sa tessiture à la surface des choses et celle de la rencontre entre matière et énergie afin de permettre au dessin d’émerger dans les interstices de la forme ou à la sculpture d’être engendrée par une tectonique à la fois destructrice et créatrice.

Mais, tout comme il interroge le tangible, c’est l’intangible de l’espace et de la lumière qui est au cœur de sa recherche ; en ce point où elle émerge de l’obscurité ou contraire s’y fond.

Le lieu même de l’œuvre de Pierre-Yves Freund est cette ligne de crête fragile où se font et se défont les visions et les choses. En ce lieu le vide permet d’éprouver la plénitude et le flou reconfigure le visible. Dans son très beau texte, Caroline Sagot Duvauroux chemine dans cette œuvre dont l’ambition est d’être au plus près ce point d’équilibre ou de basculement entre naissance et engloutissement.

Car ses œuvres produisent chez ceux qui les regardent une quiétude pourtant intimement liée à une forme d’ébranlement ; ébranlement qui nous amène à reconsidérer l’apparence des choses. Elles sont comme une méditation sur la matière de notre monde, comme condition de sa pensée et de son expérience entre l’infinitésimal et l’incommensurable.
 

Philippe Cyroulnik et Nicolas Surlapierre

 

 

Edition CRAC le 19, Musée de Belfort, Territoires.

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